De gestionnaire à enseignante-chercheuse : retour sur 20 ans d’expériences et de challenges !

Une passion pour la gestion et pour les études, voilà ce qui a décidé Christine* à choisir la gestion comme filière. Aujourd’hui, cette femme malgache a décidé de faire un Doctorat pour devenir enseignante-chercheuse. Retour sur 20 ans d’expériences et de challenges, à Madagascar et… ailleurs.

Une passion pour les études

Grande bosseuse, ambitieuse et également très intelligente et polyvalente, Christine a obtenu son Baccalauréat en 2004. La Gestion étant une des filières les plus appréciées à l’époque, mais également faisant l’objet d’une passion pour Christine, la jeune femme décide donc de prendre part au concours d’entrée à l’Institut Supérieur de Technologie d’Antananarivo (IST-T). Elle est admise, et y commence son cursus universitaire.

« Gestion s’applique à tout dans la vie, même les plus petites tâches, dans la maison, l’organisation de sa vie familiale, sentimentale, le travail nécessite toujours une bonne organisation. La polyvalence aussi est exigée. Ainsi, je pourrai toujours trouver des débouchés, et au pire, je peux toujours créer ma propre entreprise »,

explique Christine.

Consciente de la difficulté des jeunes malgaches à trouver du travail, avant même de décrocher son Diplôme de Technicien Supérieur (DTS) en deuxième année, Christine enchaîne déjà les petits boulots dans le secteur privé. Parmi ceux-là, un poste de réceptionniste et aide comptable dans un hôtel italien, un poste de conseiller client dans une entreprise leader en télécommunications à Madagascar et un poste d’assistante comptable dans un cabinet de conseil international.

« J’ai effectué beaucoup de stages, le cursus a l’IST-T l’exigeait. Dans une entreprise de distribution commerciale de renommée en tant qu’assistante comptable, dans une société de microfinance en tant qu’agent de crédit, etc »,

raconte Christine.

Avec l’ambition de réussir plus tard, la jeune femme fait également de son hobby, la coiffure et l’esthétique, une source de revenu

« C’est un peu comme mon stock de sécurité. Si je ne servais pas mes amies, j’aidais ma grande sœur dans son salon »,

confie-t-elle.

Dans l’ensemble, le cursus universitaire au sein de l’IST-T coûtait à l’époque dans les 6 millions d’Ariary, de la première à la cinquième année. Pour les premières et deuxièmes années, les frais coûtaient à peu près 1 200 000 Ariary annuellement. Après cela, il est obligatoire de travailler pendant deux ans avant de continuer son cursus de Master, qui durait à l’époque trois ans. Ce dernier cursus coûtait 2 à 3 millions d’Ariary au total.

Une gestionnaire acharnée

De 2004 à 2012, la jeune femme bascule entre études et travail. Le parcours de Master au sein de l’IST-T propose des cours du soir, de 17 à 20 heures, chaque jour. Cela permet de travailler en même temps.

« J’aurai du finir mon cursus en sept ans, mais après le DTS, j’ai galéré pendant un an avant de trouver un travail en CDI, pour pouvoir continuer mon Master. Cela m’a donc pris huit ans au total »,

raconte Christine.

Heureusement, Christine décroche finalement son Master et continue sa voie vers le monde professionnel.

Ainsi, après son contrat en CDI, la jeune femme occupe son premier poste au sein du secteur public, en tant que chef de service du personnel enseignant chercheur au Ministère de l’Enseignement Supérieur (MESUPRES). A partir de là, toutes les portes s’ouvrent petit-à-petit.

Un poste qui permet de découvrir de nouveaux horizons

A partir de 2016, la carrière de Christine prend une tournure sans précédent. En effet, elle intègre le corps des chercheurs du Centre d’information et de Documentation Scientifique et Technique (CIDST), un Centre National de Recherche rattaché au MESUPRES. En même temps, ce travail exigeait d’enseigner et de faire des recherches, ainsi que d’effectuer des tâches administratives.

« Mes obligations de tâches administratives en 2016 jusqu’en 2019 visaient à développer le département Entrepreneuriat dans la cellule TIC du CIDST, en étroite collaboration avec l’ONG Habaka. On faisait des pré-accompagnements et on incubait des porteurs de projets avec plusieurs partenaires étrangers »,

raconte-t-elle.

Un peu après, Christine a été affectée au sein du département de Partenariat et de relations publiques.

Vers l’obtention du Doctorat

Depuis 2019, la guerrière Christine a décidé de reprendre ses études, et ainsi de suivre un cursus en Doctorat au sein de l’EDRND ESSA à Ankatso. Elle a continué à travailler au sein de la CIDST, mais décroche également le poste de Chef du Département Diffusion de l’Information et Présidente de l’Association Zarahay Doctorants. L’objectif de cette association est de créer et de gérer une plateforme de partage de connaissances et d’expériences entre doctorants.

« Mon thème de recherche allie administration publique malgache, gestion de RHE et développement rural »,

précise-t-elle.

Un thème qui cadre bien avec sa filière et les postes qu’elle avait accumulé tout au long de sa carrière.

Les trois ans de Doctorat au sein de l’EDRND ESSA ont coûté 4 millions d’Ariary au total.

« Je ne peux pas dire que tout ça est une réussite. Je suis actuellement en train de récolter mon retour sur investissement pour toutes ces connaissances et compétences que j’ai acquis »,

affirme-t-elle avec humilité.

Visionnaire et pleine d’espoir pour son avenir, la jeune femme a pour projet de continuer son cursus jusqu’au professorat, pour les années à venir.

*Pour des raisons d’anonymisation, Nous utiliserons des noms générés aléatoirement dans les articles